« La raison du plus fort est toujours la meilleure », dit à juste titre le ver de la fable de Jean De la Fontaine, « Le loup et l’agneau ». Quand les plus forts du monde, l’unique superpuissance actuelle du monde, estiment que leurs visées n’ont pas été atteintes, ils se donnent le droit de frapper ceux qu’ils jugent avoir été à l’origine de leur fiasco. Alors que le mercredi 23 janvier 2019 les USA reconnaissaient la victoire confirmée de Félix Tshisekedi d’après un communiqué du Département d’Etat où il était précisé que « Nous (administration américaine) sommes déterminés à travailler avec le nouveau gouvernement de la RDC », on est bien stupéfait et intrigué que l’administration américaine continue à sanctionner les officiels de la RDC ayant des responsabilités dans l’organisation des scrutins du 30 décembre 2018. La même administration qui multiplie, depuis cette reconnaissance de la victoire électorale de Félix Tshisekedi, les déclarations et actions pour le rassurer de sa disponsibilité et de sa volonté de collaborer avec lui dans le sens des intérêts américains et congolais, montre, en sanctionnant les officiels de la centrale électorale congolaise, qu’elle a des motivations et des visées autres que celles par lesquelles elle justifie ses sanctions .
Les alibis attrape-nigauds habituels
Le primat de la démocratie, la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, la protection des droits de l’homme, etc. tels sont les alibis attrape-nigauds traditionnels dont se servent les Américains sournois et pharisiens pour justifier leurs actions vindicatives contre des officiels des pays du Tiers-monde qui contrecarrent la réalisation de leurs projets ddans lesdits pays. Il est dès lors intéressant de noter que dans le communiqué du jeudi 21 mars 2019 annonçant le gèle des avoirs de Corneille Nangaa, Norbert Basengezi et Marcellin Basengezi, l’Office du contrôle des avoirs étrangers (OFAC), du ministère du Trésor américain justifie sa sanction par les actes de corruption et du sape du processus électoral par ces responsables de la centrale électorale congolaise. Et parlant de ce communiqué, Sigal Mandelkel, le sous-secrétaire au Trésor américain, en charge du terrorisme et du renseignement financier, indique que « Cette action fait suite à la corruption persistante de hauts responsables de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et de l’ancien gouvernement de Kabila en RDC pour entraver et retarder les préparatifs en vue d’élections crédibles et inclusives. Nous sommes aux côtés du peuple congolais qui s’est rendu aux urnes le 30 décembre, mais restons préoccupés par un processus électoral défaillant dans lequel, après l’élection présidentielle, la CENI a continué à entraver le processus démocratique et n’a pas réussi à faire en sorte que le vote reflète la volonté du peuple congolais».
L’on comprend que les USA ont mal digéré le fait que le régime sortant congolais les ont privés d’utiliser leurs stratégies électorales pour faire gagner leur marionnette de la lignée pure le scrutin présidentiel du 30 décembre 2019. En effet, il n’a pas été possible aux USA de financer ce scrutin, de fournir l’aide logistique ou de déployer leurs missions d’observation électorale qui discréditent, par leurs faux rapports, le processus électoral en cas de fiasco des valets nationaux des USA parce que ce régime et la CENI ne leur ont pas permis de le faire. Obligés de mener des opérations de charme ou d’intimidation du régime Tshisekedi pour accéder à leurs intérêts en RDC, et voyant du très mauvais œil l’harmonie entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, les USA multiplient des actions pour casser ce lien et intimider Félix Tshisekedi avec qui ils sont obligés de travailler, réglant au vol des comptes aux officiels congolais qui ont participé aux initiatives de les empêcher d’atteindre leurs objectifs électoraux en RDC.
La corruption, du reste, n’a été introduite en politique congolaise que par les Américains. Voulant orienter la politique postindépendance du Congo suivant le sens voulu par eux, les Américains ont donné des moyens financiers conséquents et collossaux à Larry Devlin, le chef antenne de la CIA à Kinshasa, dont les favoris étaient alors Mobutu et Kasa Vubu. Depuis la corruption bat son plein en politique en RDC et durant tout son règne, Mobutu en a abusé et l’a étendue dans tous les secteurs congolais. La responsabilité historique des USA dans la perversion via la corruption de la société congolaise est dès lors établie. Et comme tels, ils ne sont pas en bonne posture pour déclarer qu’ils sont du côté du peuple ou qu’ils veulent combattre la corruption dans les murs congolais. Ce n’est qu’en vertu de leur hypocrisie légendaire, exploitant l’ignorance du peuple sur les méthodes de domination impérialiste, au nom d’un cynisme de saintes nitouches luronnes que les USA peuvent oser dire qu’ils ont agi, via ces sanctions contre Nangaa, Basengeni père et fils, pour l’intérêt du peuple congolais.
Les USA qui font de leurs visées ou intérêts les seules lois réelles du monde ont sévi ivres de leur impérialisme, se réservant de se déployer contre un Etat souverain qui n’est pas un des Etats de la fédération américaine. Ils n’ont jamais bien digéré le fait que ceux des Congolais sur qui ils ont d’abord misé ont été écartés du processus électoral. Et s’ils sont logiques, cohérents et conséquents envers eux-mêmes, ils devraient aussi ne pas reconnaître la victoire électorale de Félix Tshisekedi qui a bénéficié des services d’un cabinet d’experts américains pour sa campagne électorale. Reconnaître la victoire électorale de Fatshi tout en sévissant contre les responsables de la CENI est la contradiction polémique qui ouvre la bôite de Pandore au point de dévoiler les motivations et visées louches des USA.
Samy BOSONGO